Jean Asselborn a prononcé la déclaration sur la politique étrangère et européenne à la Chambre des Députés

En date du 9 novembre 2021, le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a prononcé à la Chambre des Députés la déclaration annuelle sur la politique étrangère et européenne. Devant les représentants du peuple luxembourgeois, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a présenté les grandes orientations de la politique étrangère et européenne du Luxembourg, en passant en revue les grands enjeux à l'ordre du jour européen et international.

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Communiqué par le ministère des Affaires étrangères et européennes

 

Introduction

À l'instar de l'année précédente, le Luxembourg et ses activités diplomatiques ont connu une année 2021 marquée par la pandémie de COVID-19. Le ministre a indiqué que la crise a révélé des vulnérabilités, mais aussi des forces au niveau national, européen et mondial. Le Luxembourg et l'Union européenne ont été confrontés à de nombreux défis dont il s'agit désormais de tirer les enseignements, que ce soit sur le plan social, économique ou politique.

Comment sortir de la crise?

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a souligné l'importance de la vaccination des populations comme unique moyen de lutter efficacement contre le virus. Le ministre Asselborn a salué la stratégie vaccinale européenne qui a permis l'acheminement d'un nombre suffisant de vaccins pour l'ensemble de la population européenne, malgré des disparités encore persistantes entre États membres. Dans ce contexte de crise épidémique mondiale, le Luxembourg et l'Union européenne ont fait preuve de solidarité en redistribuant plus d'un milliard de vaccins à d'autres pays de par le monde, notamment aux pays en voie de développement.

Le ministre Asselborn a rappelé que la pandémie a aussi menacé les acquis européens, la libre circulation des personnes ayant été fortement restreinte depuis le début de la crise. Le Luxembourg s'engage pour que les restrictions limitant la mobilité entre États membres, et plus particulièrement au sein de la Grande Région, berceau de l'espace Schengen, n'entravent pas les droits fondamentaux des citoyens européens. Enfin, le ministre a salué le développement et la mise en application au niveau européen du certificat COVID numérique de l'UE, qui permet de vérifier si une personne est testée, vaccinée ou guérie et qui devrait contribuer à la facilitation des déplacements au sein de l'espace communautaire et au-delà.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de la crise du COVID?

Face à la réapparition des réflexes nationaux, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a fait valoir le rôle fondamental de la coopération entre les États européens. Pendant la pandémie de COVID-19, les régions transfrontalières, regroupant 30% de la population européenne, ont particulièrement souffert des contrôles aux frontières. Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères et européennes a indiqué que le Luxembourg a soumis, conjointement avec ses voisins belge et néerlandais ainsi que les trois Etats baltes, une proposition au niveau européen afin de mieux prendre en considération les réalités transfrontalières dans les futures décisions européennes. Dans son intervention, le ministre Asselborn a également souligné l'importance de l'interconnexion et des relations profondes qui lient le Luxembourg à ses régions voisines.

Comment investir dans la reprise et la résilience pour le futur?

Le ministre Asselborn a également abordé le plan de relance "Next Generation EU" ainsi que le cadre financier pluriannuel pour la période de 2021-2027, qui seront d'une importance cruciale pour atténuer l'impact économique de la crise sanitaire au sein de l'Union européenne. Le ministre a fait remarquer que les décisions qui ont été prises en réponse à la pandémie ont permis de mettre en place des mesures jusque-là inédites au niveau européen. Rappelant que la crise du COVID-19 a renforcé les inégalités sociales dans l'Union européenne, le ministre a souligné que la relance économique engagée doit être juste et inclusive, de sorte à créer une convergence sociale vers le haut dans les États membres.

Politique commerciale

Jean Asselborn a également évoqué l'importance du marché commun européen pour assurer la relance économique, sociale et écologique de l'Union européenne.

La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions importantes sur les chaînes de logistique et d'approvisionnement au niveau mondial, entraînant des retards dans la livraison de produits dits essentiels et provoquant une hausse de plus en plus notable du prix des matières premières et des énergies. Dans ce contexte, le ministre Asselborn a salué le débat mené au niveau européen sur le développement d'une autonomie stratégique ouverte de l'UE dans le but de promouvoir la compétitivité des entreprises européennes tout en évitant de tomber dans le protectionnisme.

Le Luxembourg s'engage également en faveur d'une politique commerciale davantage respectueuse de l'environnement et des droits humains. Le ministre a ainsi rappelé que le Grand-Duché est en faveur d'un renforcement des dispositions sur le développement durable dans les accords commerciaux de l'UE. Le Luxembourg figurait également parmi les premiers pays européens à avoir demandé l'élaboration d'initiatives concrètes au niveau européen visant à garantir la prise en considération des droits de l'homme dans le cadre des chaînes d'approvisionnement.

Dans ce contexte, le ministre Asselborn a rappelé que le gouvernement luxembourgeois a mis en place un comité interministériel, sous la coordination du ministère des Affaires étrangères et européennes, chargé d'analyser les questions liées à la possibilité de légiférer sur un devoir de diligence en matière de droits de l'homme pour les entreprises au Luxembourg.

Politique climatique

A l'instar des années précédentes, l'année 2021 a été le témoin de l'urgence climatique et de ses conséquences au niveau mondial, comme l'ont démontré les nombreux feux de forêt ravageant plusieurs régions de la planète. Le Luxembourg aussi a été touché par d'importantes inondations l'été dernier, ce qui illustre la nécessité d'agir contre le dérèglement climatique.

Dans ce contexte, le ministre Asselborn a évoqué le Green Deal, l'accord européen qui prévoit la réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a aussi rappelé qu'une transition écologique engendre des transformations profondes, pouvant avoir un impact sur les revenus financiers des citoyens européens. Dans ce contexte, il a salué la proposition de la Commission européenne de mettre sur pied un Fonds social pour le climat à hauteur de 72 milliards d'euros.

Dans le contexte de la 26e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) qui se tient du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow, le ministre a fait part de son espoir que les États parviennent à prendre les engagements nécessaires pour mener une politique environnementale plus ambitieuse pour les prochaines années, qui seront décisives. Pour sa part, le Luxembourg s'est engagé à réduire de 30% ses émissions de méthane d'ici 2030.

Comment défendre nos valeurs dans le monde après la crise?

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a évoqué la détérioration de l'État de droit dans de nombreux pays dans le monde, et plus particulièrement au sein de l'Union européenne. Après avoir exprimé sa préoccupation face aux dernières évolutions dans certains États membres, le ministre Asselborn a souligné l'importance de la mise en œuvre du régime de conditionnalité dans le cadre du budget européen, mécanisme permettant de conditionner le versement des aides européennes au respect de l'Etat de droit. En tant que communauté de valeurs, l'Union européenne doit défendre ses principes démocratiques, notamment face aux attaques contre l'indépendance de la justice et aux nouvelles menaces hybrides que représentent les campagnes de désinformation, a ajouté le ministre.

Par la suite, le ministre Asselborn a mis en avant la nomination du Luxembourg à la vice-présidence du Conseil ministériel de l'OCDE, présidée par les États-Unis. Au sein de cette organisation internationale fêtant en 2021 ses 60 ans d'existence, le Luxembourg a fait avancer au centre des discussions les thématiques de la transition verte, du développement numérique ainsi que de la défense de l'État de droit.

L'année 2021 est aussi marquée par la première élection du Luxembourg au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies le 14 octobre dernier. Lors de son intervention, le ministre Asselborn a présenté les quatre priorités du Luxembourg pour le mandat 2022-2024 que sont l'appui à l'État de droit, l'action climatique fondée sur les droits humains, la défense de l'égalité des genres ainsi que la protection des droits des enfants. En outre, le chef de la diplomatie a souligné dans ce contexte que la défense des journalistes et de la liberté de la presse ainsi qu'une politique étrangère féministe continuaient à faire partie intégrante de la politique étrangère luxembourgeoise.

Migration

S'agissant des questions liées à la migration, le ministre Asselborn a tenu à souligner que l'engagement du Luxembourg pour la protection des droits humains va de pair avec son engagement pour une politique migratoire humaine. Rappelant que les flux migratoires ont repris en 2021, le ministre est revenu sur les négociations en cours concernant le Pacte sur la migration et l'asile. En ce qui concerne l'accueil des réfugiés, le ministre Asselborn a insisté sur la nécessité de s'accorder sur un système plus juste en soulignant notamment l'importance d'instaurer un mécanisme de solidarité obligatoire, ceci en soutien aux États membres se trouvant aux frontières de l'UE et confrontés aux pressions migratoires.

Le ministre a également évoqué l'importance d'allier la protection des frontières de l'UE et le respect de la dignité humaine, dénonçant les conditions dans lesquelles de nombreux réfugiés, dont des femmes et enfants, sont retenus en attendant le traitement de leur demande d'asile.

Le ministre Asselborn a enfin rappelé que le Grand-Duché contribuait activement aux efforts de solidarité, notamment en continuant de participer à des opérations de relocalisation et de réinstallation de réfugiés.

Afghanistan

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise est revenu sur les événements survenus en Afghanistan l'été dernier. La chute de Kaboul à la mi-août, marquant la prise de pouvoir des talibans dans le pays, a entraîné une situation humanitaire très préoccupante. Le ministre a rappelé que le Luxembourg a apporté son aide à des personnes vulnérables devant quitter l'Afghanistan pour leur sécurité. Outre les évacuations d'urgence organisées en collaboration avec les partenaires européens, le Luxembourg a délivré des visas humanitaires et traité des demandes de regroupement familial.

Le ministre est également revenu sur la situation actuelle en ce qui concerne les prises de décision en matière de protection internationale des demandeurs afghans. Dans ce contexte, le ministre Asselborn a rappelé qu'en raison de la récente prise de pouvoir des talibans, il est difficile d'accéder à des informations objectives et vérifiées permettant de statuer sur les demandes d'asile des réfugiés afghans. Dans l'intérêt de ces personnes, les demandes ne permettant pas de statuer en faveur de la personne concernée sont pour l'instant mises en suspens. Le Luxembourg a donc fait le choix de suivre une approche qui est à la fois humaine et respectueuse de ses obligations internationales et européennes.

La publication prochaine des directives du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO) concernant le traitement des demandes d'asile des réfugiés afghans devrait permettre des prises de décision cohérentes au niveau européen.

Non-prolifération

S'agissant du domaine du désarmement, le Luxembourg poursuit son engagement pour la non-prolifération des armes, et en particulier des armes de destruction massive. Le ministre Asselborn a rappelé que les efforts luxembourgeois dans ce domaine s'inscrivent dans les objectifs fixés par les traités et conventions internationaux, tels que le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, la Convention sur l'interdiction des armes chimiques ou encore la Convention sur l'interdiction des armes biologiques.

Le ministre des Affaires étrangères et européennes a souligné que le Luxembourg participe activement aux échanges multilatéraux avec les pays partenaires, encourageant l'ouverture d'un dialogue approfondi et transparent entre tous les acteurs.

Comment défendre nos intérêts dans un monde de plus en plus compétitif?

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a poursuivi son intervention en rappelant que le Luxembourg et l'Union européenne évoluent dans un monde multipolaire marqué par de nouvelles rivalités régionales et des rapports de force changeants. Dans ce monde en constante évolution, l'Union européenne doit renforcer sa position comme pôle de référence en termes de solidarité, de défense des droits humains et de l'État de droit, a souligné Jean Asselborn.

Le Luxembourg se doit de s'adapter aux développements politiques hors de ses frontières. L'échange avec les partenaires européens, et plus particulièrement avec les voisins directs, est crucial pour défendre les positions luxembourgeoises et européennes à l'étranger. Dans ce contexte, le ministre Asselborn a annoncé l'ouverture prochaine d'une ambassade en Irlande.

Élargissement et Balkans occidentaux

Jean Asselborn a rappelé que le Luxembourg soutient la perspective d'élargissement des Balkans occidentaux et réitéré le soutien du Luxembourg dans le contexte de l'adoption des réformes nécessaires pour la transcription de l'acquis communautaire dans les législations des pays candidats. Pour le chef de la diplomatie luxembourgeoise, le respect de l'État de droit, l'indépendance de la justice et la lutte contre la corruption sont des critères fondamentaux pour l'adhésion et il a souligné que ces réformes déterminaient la vitesse avec laquelle les pays avançaient sur le chemin de l'adhésion. Dans le contexte des derniers développements dans la région, le ministre a néanmoins regretté l'absence de progrès dans plusieurs domaines, notamment en ce qui concerne les valeurs démocratiques dans certains pays.

Turquie

Jean Asselborn a regretté le fait que la Turquie s'éloignait politiquement de l'Union européenne. Le ministre s'est dit très inquiet de l'évolution de l'État de droit et du respect des droits humains dans le pays. Il a notamment dénoncé l'enfermement de journalistes, d'universitaires et d'opposants politiques sans aucune forme de procès. Toutefois, il a rappelé l'importance de préserver les voies de communication avec Ankara.

Belarus

Le ministre Asselborn est revenu sur la situation au Belarus où il a dénoncé la répression des mouvements d'opposition qui contestent les dérives autoritaires du président Alexander Lukashenko. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a aussi vivement critiqué l'instrumentalisation de réfugiés par le gouvernement biélorusse pour exercer une pression sur les frontières extérieures de l'Union européenne.

Russie

Les relations avec la Russie restent marquées par des tensions non négligeables. Le ministre Asselborn regrette ainsi la fermeture de la représentation diplomatique de la Russie auprès de l'OTAN à Bruxelles. Il a affirmé que des voies de coopération entre l'Union européenne et la Russie existent et devraient être exploitées, que ce soit dans la protection de l'environnement, dans la lutte contre le terrorisme, dans le processus de paix au Moyen-Orient ou encore dans le secteur énergétique.

Voisinage méridional

Jean Asselborn a réitéré l'engagement du Luxembourg auprès de ses partenaires en Afrique du Nord. Dans ce contexte, il est revenu sur les derniers évènements en Tunisie où il s'inquiète de l'État de droit, suite aux décrets présidentiels cherchant à modifier la constitution. Le ministre a ensuite noté que le processus de paix en Libye, bien que fragile, est encourageant, notamment avec la perspective de l'organisation d'élections en décembre prochain. Enfin, revenant sur le Mali, le ministre estime qu'une coopération coordonnée avec les partenaires européens s'avère nécessaire pour soutenir les autorités maliennes dans la lutte contre le terrorisme et ainsi faire obstacle au recrutement de mercenaires étrangers.

Afrique

Rappelant l'importance de l'Afrique pour l'Union européenne et le Luxembourg, Jean Asselborn a évoqué sa participation à la réunion ministérielle entre l'Union africaine et l'Union européenne au Rwanda en octobre dernier, en vue du Sommet UE-UA prévu pour février 2022. Évoquant les nombreuses opportunités d'un partenariat approfondi pour les deux continents, le ministre a souligné l'importance de redéfinir les relations entre l'Europe et l'Afrique.

Le ministre des Affaires étrangères a ainsi affirmé que l'Afrique ne doit pas être réduite à une zone source de guerres, de violence ou de migration. Le continent africain à la population jeune et dynamique détient de nombreux potentiels politiques et économiques que l'Union européenne et le Luxembourg doivent saisir, ceci dans un contexte où d'autres acteurs mondiaux y manifestent un intérêt croissant. Le ministre a rappelé que les relations bilatérales entre le Luxembourg et ses partenaires africains englobaient les valeurs démocratiques et le respect des droits humains.

Éthiopie

Par la suite, Jean Asselborn est revenu sur la situation préoccupante en Éthiopie. Il a déploré l'état de guerre dans le pays, qui a commencé il y a un an au Tigré. Sept millions de personnes sont actuellement dépendantes de l'aide humanitaire. Les rebelles du Tigré menacent la capitale Addis Abeba et le premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix en 2019, a appelé la population à défendre la ville par les armes. Dans ce contexte, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a insisté que seul un dialogue politique peut mener à une solution pacifique, et il a salué dans ce contexte les récentes initiatives diplomatiques sous l'égide des États-Unis et de l'Union africaine.

Chine

Concernant les relations diplomatiques avec la Chine, le ministre Asselborn a réaffirmé que Pékin reste un partenaire important pour le Luxembourg, tout en regrettant les discordances persistantes en termes de respect des droits humains. Le chef de la diplomatie a fait référence aux camps d'internement du Xinjiang et aux sanctions chinoises à l'encontre d'acteurs européens, en réaction aux sanctions prises par l'Union européenne. Jean Asselborn a réaffirmé la volonté du Luxembourg de s'engager pour les droits humains dans le Xinjiang. D'autre part, le dialogue et la coopération avec la Chine sur d'autres sujets, tels que la lutte contre la pandémie de COVID-19 ou encore la question climatique, devront être renforcés.

Cyberespace

Dans son allocution, le ministre Asselborn est aussi revenu sur la question du cyberespace qui devient un nouveau champ de conflit entre les États. Bien qu'accessible à toutes et tous, permettant la liberté d'expression partout dans le monde, le cyberespace est désormais utilisé par certains pays à des fins de désinformation, d'espionnage et de sabotage afin d'influer sur les affaires internes d'autres pays, a rappelé le ministre. Les cyberattaques et les campagnes de désinformation menacent nos systèmes politiques et nos sociétés, rendant l'application du droit international dans le cyberespace plus que nécessaire, a affirmé Jean Asselborn.

Économie luxembourgeoise dans le monde

Le ministre des Affaires étrangères et européennes a évoqué les efforts du réseau diplomatique luxembourgeois dans la promotion des entreprises luxembourgeoises dans le monde en temps de pandémie. Alors que le COVID-19 a complexifié les échanges entre acteurs, le réseau diplomatique et consulaire, notamment en Asie, peut assister les entreprises luxembourgeoises dans la préservation de leurs relations économiques dans des marchés établis, comme par exemple en Chine, au Japon ou en Corée du Sud.

Politique de sécurité et de défense / boussole stratégique de l'UE

Jean Asselborn a rappelé que le Luxembourg ne peut évoluer dans un monde multipolaire qu'au sein d'une Union européenne forte. Il a évoqué la "boussole stratégique" de l'UE, dont les travaux devront donner de nouvelles orientations pour le positionnement de l'UE sur la scène internationale.

Dans ce contexte, le ministre a réaffirmé qu'une concertation européenne sur la politique de défense est nécessaire. Une politique de sécurité et de défense commune plus affirmée rendra l'Union européenne plus résiliente aux futures crises et renforcera également la relation avec les partenaires outre-Atlantique.

Relations transatlantiques

Jean Asselborn a souligné l'importance du partenariat transatlantique pour le Luxembourg, notamment dans le cadre de l'OTAN et sur le plan économique. Le ministre s'est dit rassuré que le Luxembourg et l'Union européenne puissent recréer une relation de confiance avec les États-Unis du Président Joe Biden. Cela facilitera les échanges sur des questions d'intérêt commun, notamment en lien avec les relations économiques. Dans ce contexte, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a salué un premier pas en avant avec la suspension côté américain des droits de douane sur l'acier et l'aluminium européens mise en place sous le mandat de Donald Trump.

Politique étrangère de l'UE

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise est revenu sur les grands chantiers de politique étrangère auxquels l'Union européenne doit s'atteler. D'une part, Jean Asselborn a évoqué les efforts qui doivent être entrepris pour relancer les négociations sur l'accord sur le nucléaire iranien. Il a noté dans ce contexte qu'une nouvelle réunion est enfin prévue pour fin novembre.

D'autre part, le conflit entre Israéliens et Palestiniens persiste et a mené à des heurts meurtriers avec un pic de violence entre avril et mai 2021. Le ministre a déploré qu'Israël remette en question par les faits les accords d'Oslo et la solution à deux États, dont le dernier exemple en date constitue la classification de six ONG palestiniennes comme organisations terroristes. Le chef de la diplomatie a appelé à ce que l'Union européenne remette le processus de paix au Moyen-Orient dans ses priorités afin de faire respecter de manière impartiale le droit international et le droit à l'autodétermination des peuples dans cette région du monde.

Comment renforcer la cohésion européenne et comment rapprocher l'UE de ses citoyens?

Après avoir rappelé la solidarité européenne qui s'est manifestée à maintes reprises durant la pandémie, le ministre des Affaires étrangères et européennes a souhaité revenir sur le rôle central de la jeunesse. L'avenir de l'Europe appartient aux jeunes, à ces mêmes jeunes qui ont particulièrement souffert de la crise sanitaire en ne pouvant pas étudier dans des conditions normales, voyager ou participer à des événements conviviaux entre amis.

Dans ce contexte, le ministre a évoqué la Conférence sur l'avenir de l'Europe qui rassemble des citoyens européens, et notamment des jeunes, afin de mener des discussions sur les manières de rapprocher les institutions européennes des citoyens ou encore sur les futurs défis avec lesquels l'Union européenne devra composer à l'avenir. Les aspirations, les espoirs ainsi que les craintes des jeunes devront être pris en considération dans ce processus de réflexion.

Luxembourg: capitale européenne

Jean Asselborn a ensuite évoqué la politique du siège active du Luxembourg. Rappelant l'importance de la défense de l'État de droit, aussi bien à travers le monde qu'au sein de l'Union européenne, le ministre a salué le début du travail opérationnel du Parquet européen, dont le siège se trouve à Luxembourg, le 1er juin 2021. Ses différentes missions, dont notamment la lutte contre les infractions affectant le budget de l'UE, étant actuellement assurées par 130 personnes, la Commission européenne a d'ores et déjà annoncé vouloir renforcer cet organisme européen avec 118 postes supplémentaires, a annoncé le ministre.

Outre les institutions juridiques, le ministre a aussi mentionné la place centrale qu'occupent les institutions et organes financiers européens à Luxembourg, et plus particulièrement la Banque européenne d'investissement et le Mécanisme européen de stabilité, ce dernier devant bénéficier de nouveaux locaux dans le quartier de Kirchberg.

Un troisième pôle européen, celui du numérique, continue par se développer au Luxembourg, dont avec l'installation de l'Entreprise commune pour le calcul à haute performance européen (EuroHPC), a complété le ministre.

Le ministre Asselborn a par ailleurs assuré que le gouvernement compte continuer ses efforts pour le développement du site de Luxembourg, non seulement pour ce qui est des pôles juridique, financier et numérique, mais aussi dans d'autres domaines en promouvant les synergies entre services européens et nationaux.

Conclusion

Jean Asselborn a conclu la déclaration annuelle sur la politique étrangère et européenne en rappelant les difficultés imposées par la pandémie de COVID-19. L'utilisation des technologies de communication numériques auront néanmoins permis au Luxembourg de s'engager en des endroits du monde où son réseau diplomatique n'est pas directement présent, ouvrant de nouvelles voies de coopération précieuses. Cependant, le sens même de la politique étrangère requiert le contact humain, l'échange direct et les impressions recueillies sur place, a estimé le chef de la diplomatie, qui espère un retour progressif à une nouvelle normalité.

Le Luxembourg a réussi malgré la pandémie à mener une politique étrangère et européenne au service des citoyens et résidents luxembourgeois, imprégnée par l'idéal européen d'intégration et de coopération. Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a conclu en affirmant que le Luxembourg continuera à s'engager sur la scène internationale pour défendre ses intérêts, ses valeurs et ses convictions.

 

 

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